Spirou est-il VRAIMENT mort?

Qu’est-il donc arrivé chez Dupuis Édition ? Ce 56e album de la série régulière de Spirou, un personnage créé par Rob-Vel en 1938 mais dont la collection d’albums est devenue un classique grâce à André Franquin, fait mourir le héros au costume de groom pour introduire un nouveau duo, plus dans l’air du temps. L’idée est brillante : redonner du sens aux Aventures de Spirou et Fantasio. Mais sans Spirou?
Autant le titre, La Mort de Spirou, relève de l’évident coup éditorial, autant la direction que prend la série intrigue.

On y voit un directeur de l’entreprise s’adresser à ses actionnaires, puis à une foule de journalistes, travailler dans l’urgence. Spirou est mort, vive Spirou. Spirou est mort, mais le corps du héros se réincarne dans une version idéalisée qui constituera en réalité une transition vers une nouvelle « ligne » éditoriale, définitivement plus de l’époque.

Et de la modernité, cet album n’en manque pas : Fantasio entonne des harangues militants contre le tourisme de masse, les multinationales et la consommation sans conscience ; le scénario intègre de l’argot, affiche son héros nu et met en vedette des femmes fortes sans les sexualiser.

Champignac est à ce stade cantonné à un rôle de Major Boothroyd (le Mr Q de James Bond), tandis que Zorglub est piégé par sa propre invention (la zorglonde) pour se retrouver dans une bulle virtuelle et s’ébrouer dans des bains de foules qui évoquent les rassemblements nazis de Nuremberg. 

L’ADN de Franquin est toujours là : c’est celui du Repaire de la Murène, Mamzelle Jeanne, Lebrac et même Gaston (tiens, tiens…) y font de la figuration.

Où tout cela nous mène-t-il ? À un enterrement de première classe ou à une résurrection ? À une palingénésie probablement. Spirou va-t-il finir par s’enrhumer à force de s’exposer ainsi à l’air du temps ? La réponse est forcément dans les prochains épisodes.

Devises
Aucun article dans le panier.
0